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36e mardi : Marche imposante à Alger

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Pour ce 36ème mardi, des dizaines de milliers d’étudiants et de citoyens se sont regroupés ce mardi matin à la place des martyrs avant d’entamer la marche vers le centre d’Alger.

Après que l’hymne national ait été entonné sous les applaudissements et les youyous qui emplissent le périmètre de « Sahate echouhada », la manifestation s’est ébranlée vers les coups de 10:30.

Dès l’entame de la manif, les étudiants scandent leurs slogans habituels hostiles au pouvoir en place et contre sa feuille de route qui se traduit par le maintien du régime.

La rue Abane Ramdane et Beb Azzoune ont vibré sous les slogans : « Dawla madaniya machi 3askariya » (Etat civil et non militaire), « pouvoir assassin « , «  »Libérez la justice, libérez le pays ». « Ba3oha el khawana » (Les traitres ont vendu le pays), mais aussi « pas de vote » et « ulach l’vote » ou encore « Alah o Akbar awal november », un slogan qui renvoie à la célébration du 65e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération d’Algérie.

La communauté estudiantine, soutenue par des milliers de manifestants, brandissant l’emblème national mais aussi l’imposant portrait de Ali la pointe, « héros de la bataille d’Alger », a exigé, tout au long de la marche pacifique le «départ de tous les symboles du régime » et « la libération des détenus d’opinion incarcérés arbitrairement».
Les jeunes manifestants ont, également appelé à la mise en place « d’un Etat civil », « la fin du régime des bandes » et à « la remise du pouvoir au peuple ».
Durant cette manifestation qui a drainé au fil des heures, une marée humaine a brandi des pancartes, pour celui qui veut bien lire : «Le peuple est souverain, appliquez l’article 7 et 8 » et « Le peuple est déterminé à poursuivre le Hirak jusqu’à l’instauration d’un Etat démocratique » ou encore « Nous ne nous arrêterons pas jusqu’à la mise en place de la transition démocratique ! ».
Au boulevard Amirouche jusqu’à la grande poste en passant par la rue Didouche, des manifestants ont scandé « Il n y aura pas de vote, mettez nous des menottes», un slogan qui en dit long sur la détermination à aller jusqu’au bout de la revendication principale : « l’instauration d’un Etat de droit

 

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Bouira : les manifestants appellent à une mobilisation en prévision du 37e vendredi à Alger

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La mobilisation pour la libération des détenus d’opinion continue à Bouira.

A l’appel de la société civile de la commune de Haizer, où quatre personnes sont incarcérées dans le sillage des arrestations opérées depuis le début du mouvement révolutionnaire, des dizaines de citoyens ont manifesté aujourd’hui, mardi dans les rues de la ville de Bouira.

Déployant des pancartes sur lesquelles ont pouvait lire : « Je suis à un algérien et je suis un élément de la révolution » et « Non au recyclage du système », les manifestants ont scandé des slogans appelant à la libération des détenus d’opinion et aussi ont réaffirmé leur rejet de l’élection présidentielle annoncée

pour le 12 décembre de l’année courant. « Ulac lvote ulac » ( pas de vote) » État civil non militaire », «  nous marcherons tous à Alger ce vendredi », a-t-on constaté sur place. La procession humaine qui s’est ébranlée depuis la place publique en sillonnant les rues du chef-lieu de wilaya s’est déroulée dans le calme.

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Les magistrats de Sidi Bel Abbès observent un sit-in à la Cour de justice

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Les magistrats de Sidi Bel Abbès ont observé, ce mardi 29 octobre 2019, un sit-in sur le parvis de la Cour de justice et réaffirmer leur détermination à faire aboutir toutes leurs revendications, en premier lieu l’indépendance de la justice.

Plus d’une soixantaine de magistrats des tribunaux de Sidi Bel Abbès, Sfisef, Ben Badis et de la Cour de justice ont réitéré, lors de ce sit-in, leur soutien total au Syndicat national des magistrats (SNM) et appelé à poursuive le mouvement de grève.

Brandissant des pancartes appelant à préserver la dignité des magistrats et à rendre effective l’indépendance de la justice, les grévistes s’étaient rassemblées à partir de 10 h dans le hall principal de la Cour de justice.

Le représentant du SNM a, dans déclaration lue lors de ce sit-in, salué la mobilisation sans faille des magistrats observée à travers toutes les juridictions rattachées à la Cour de Sidi Bel Abbès et insisté sur la volonté du Syndicat de concrétiser le principe de séparation des pouvoirs.

« Ce mouvement inédit dans les annales de la justice algérienne a pour objectif de renforcer le principe d’une justice indépendante et de préserver les droits des citoyennes et citoyens algériens », confie un jeune magistrat en rappelant que l’Etat de droit ne peut s’accommoder d’une justice mises sous pressions.

Il y’a lieu de préciser que l’ensemble des juridictions relevant de la Cour de justice de Sidi Bel Abbès sont paralysées depuis dimanche dernier par un mouvement de grève suivi massivement par les magistrats.
Dans la matinée de mardi, le président de la Cour et le procureur général prés de la Cour ont procédé au renvoi de trois procès inscrit au rôle de la session criminelle d’automne.

« Depuis le début de la grève, neuf affaires criminelles ont été ajournées et des dizaines de procès au niveau des juridictions de première instance et des tribunaux administratifs», indique un juge d’instruction, membre du SNM.

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Rassemblement des magistrats à la Cour de justice de Bouira

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Poursuivant leur mouvement de grève décidé à l’appel du syndicat national des magistrats, une vingtaine de juges de la cour de Bouira ont observé, aujourd’hui mardi, un rassemblement pour réclamer l’indépendance de la justice.

Les magistrats, visiblement décidés à poursuivre la grève jusqu’à l’aboutissement de leur plateforme de revendications, ont déployé des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: «  l’indépendance de la justice est une revendication du peuple et des magistrats  », « justice indépendante vaut mieux que mille constitutions » et « oui pour la libération du haut conseil de la magistrature ».

A signaler que toutes les audiences ont été reportées et ce pour le troisième jour de grève des magistrats.

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Pièce théâtrale Yenayi Jeddi : « La Guerre de 2000 ans » remonte sur scène

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Écrite et adaptée en kabyle par Houche Abderrahmane, cette œuvre a été présentée à l’occasion du 30e  anniversaire de la disparition du romancier, dramaturge et metteur en scène Kateb Yacine.

La pièce théâtrale Yenayi Jeddi (Grand-père m’a dit), produite par la Coopérative Machahu d’Iferhounène a  été présentée dimanche dernier à Tizi Ouzou, à l’occasion du 30e anniversaire de la disparition du romancier, dramaturge et metteur en scène Kateb Yacine. Cette œuvre écrite et adaptée en kabyle par Houche Abderrahmane est inspirée de la fresque de Kateb Yacine « La Guerre de 2000 ans », mise en scène de Med Hondo, qui raconte l’histoire de l’Algérie et du continent africain. M.Houche a choisi de faire une lecture historique en mettant en scène l’épopée de Thamazgha depuis 2000 ans et les résistances menées par les grandes figures qui l’ont défendue, passant par Dyhia , la reine guerrière kabyle qui combat les Omeyyades.

Lors de la conquête musulmane du Maghreb au VIIe siècle, tombée les armes à la main  dans les Aurès en 703, la Guerre de libération, l’indépendance, les assassinats politiques, la course au pouvoir et  les coups d’État, le printemps berbère, 5 octobre 1988, l’ouverture démocratique , l’islamisme…Deux heures durant, les jeunes comédiens de la troupe ont bien campé  les personnages, sous des airs musicaux de la troupe Debza joués par Yousfi Sadek, narrateur dans cette pièce à plusieurs tableaux. La distribution des autres rôles était confiée à  Ouziene Yalali , Mohand Ourdit, Hadj Mohand Hakim, Yalali Mohand Ouidir, Cheriaf Mohand Ouidir , Abdelaoui Hassen, Yousfi Fairouz  et Kahina Chemakh Fariza.

Hommage à l’intelligentsia assassinée

« C’est un hommage à l’intelligentsia algérienne assassinée par la bêtise humaine », nous a déclaré Houche Abderrahmane. « Nous avons voulu aussi honorer modestement la mémoire du grand écrivain et dramaturge Kateb Yacine, dont le sang coule dans cette pièce qui met en scène les luttes du peuple amazigh contre les occupants. Chaque année, la coopérative théâtrale Machahu rend hommage à cet écrivain hors pair. C’est devenu une tradition pour les jeunes de notre troupe, que j’ai formés au théâtre engagé », ajoute le metteur en scène.

Depuis sa fondation, la coopérative théâtrale Machahu (conte) de la commune d’Iferhounene, située à une soixantaine de km au sud-est de Tizi Ouzou, s’est distinguée par de nombreuses distinctions à l’échelle nationale. Son spectacle « Sin-Nni » a  décroché le prix du jury à la 52ème édition du festival national du théâtre amateur de Mostaganem, en plus de la nomination de Rahmouni Ouziene à la meilleure interprétation masculine. En décembre 2018, la coopérative théâtrale Machahu, avec son spectacle Anwa Kech s’est adjugée le prix de la meilleure mise en scène avec Mme Tounes Ait Ali, lors de  la 10eme édition du festival national du théâtre d’expression amazigh à Batna. La même pièce a raflé les prix de la meilleure interprétation masculine (Yalali Mohand Ouidir) et le meilleur texte (Yousfi Sadek). Houche Abderahmane, dit Salah est l’auteur, entre autre, de Ulach El Harga Ulach (Pas de Harga), Célibatantes, Lalla Fadhma Nsumer, Tislit Bu Anzar, Tafat deg cheqiq natlam, Tadsa ditwaghit. En 2008, il crée l’école de théâtre Hamid Bentayeb devenue aujourd’hui coopérative Machahu.

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Les magistrats en sit-in devant la Cour de Chlef : « L’indépendance de la justice, une exigence des juges et du peuple »

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Les magistrats en sit-in devant la Cour de Chlef : « L’indépendance de la justice, une exigence des juges et du peuple »

Les magistrats de la Cour de Chlef et des tribunaux de Chlef, Ténès et Boukadir ont observé ce mardi matin un sit-in devant le siege de la Cour de justice de Chlef et ce, dans le prolongement de la grève avec arrêt de travail qu’observent les magistrats de la région depuis dimanche dernier, suite un appel du SNM.

« Nous réclamons une justice libre et indépendante, comme l’exige le peuple algérien », c’est le slogan dominant qui a été scandé à l’unisson par les magistrats rassemblés sur le perron de la Cour de justice de Chlef, mitoyenne du tribunal de la même ville.

Après avoir chanté ensemble l’hymen national, les juges protestataires (hommes et femmes), parmi eux des procureurs de la république, des magistrats instructeurs et des présidents de chambres, ont encore appelé à l’indépendance de la justice vis-à-vis du pouvoir exécutif et à la dignité des magistrats.

« Aadala Houra Moustakila, matlab Ecchaab wa El Kadi (une justice indépendante et libre, une exigence du peuple et des juges », « nous réclamons les conditions garantissant la dignité du magistrat et l’exercice de la profession loin de toute pression ou injonction », « Nous ne sommes pas des corrompus, nous combattons la corruption », ont –ils encore clamé, drapés de l’emblème national.

A la fin du mouvement, le délégué du syndicat national des magistrats au niveau de la wilaya de Chlef, Zahraoui Hakim, a précisé que la grève est suivie à 100 % dans les juridictions locales, avant de lire un communiqué du SNM expliquant les motivations de la grève qu’observent les magistrats depuis dimanche dernier. Il a fait savoir que « l’indépendance de la justice est une exigence fondamentale que nous devons concrétiser sur le terrain loin des slogans creux ». «Il est inconcevable de profiter d’un quelconque événement ou conjoncture pour toucher aux droits et libertés essentielles des citoyens… » a –t-il encore souligné.

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Salon national de la bande dessinée à Bouira : La BD moyen de sensibilisation

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La maison de la culture Ali Zamoum de Bouira a organisé la deuxième édition du Salon national de la bande dessinée et ce, du 27 au 30 du mois courant, sous le thème « Quand le dialogue de la BD évite l’intoxication au monoxyde de carbone ». A cette occasion, un hommage a été rendu l’artiste bédéiste et caricaturiste Mahfoud Aider dit Aladin, l’un des piliers de la BD algérienne.

« Ce festival est dédié aussi aux enfants scolarisés. Nous avons programmé un concours auquel participeront des élèves de 6 lycées et collèges. Ils composeront une planche de six vignettes traitantdu thème du Salon. On leur laissera imaginer un dialogue sur comment prendre ses précautions pour éviter les dangers du monoxyde de carbone. Malheureusement chaque hiver, des familles complètes sont décimées par le monoxyde de carbone», dira Saliha Cherbi, directrice de la maison de la culture Ali Zamoum.

Ont pris part à la festivité plusieurs bédéistes venus de différentes wilayas du pays ainsi que maisons d’édition telle Z-Link, One Pins, Dalimen, Numidie et autres. En outre, les galeries de la maison de la culture ont été embellies par les œuvres de Mahfoud Aider, ainsi que les derniers produits des maisons d’éditionsus-citées. Au menu du deuxième Salon, plusieurs conférences sur diverses thématiques. Entre autres, « La bande dessinée perspective et développement »animéepar le directeur de Z-Link, « La bande dessinée au service de l’histoire »par MameriaZoubida, inspectrice au ministère de la Culture, et autres.

Lazhari Labter :  «Le neuvième art vit une crise de scénaristes »

Le journaliste, romancier, poète et bédéiste LazhariLabter avait animé mardi dernier une rencontre en marge du Salon de la BD de Bouira, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la revue M’Quidèch (1969-2019).

Dans son intervention, l’orateur a évoqué le grand problème dans lequel patauge la bande dessinée algérienne et qui est, selon lui, le manque des scénaristes. « Beaucoup de gens pensent qu’il est aisé de faire une bande dessinée. Or il faut savoir que dans les pays où la bande dessinée est une véritable industrie, il faut toute une chaîne de métiers et de sous métiers. On passe de l’idée au synopsis, au scénario, au story-board, puis au crayonnage de l’histoire et son encrage. Il faut aussi avoir un dialoguiste, un paysagiste, un coloriste, etc. Le dessinateur n’est qu’un seul élément de cette chaîne», explique-t-il, tout en insistant sur la formation aux métiers de la bande dessinée.

M. Labter est revenu ensuite sur la naissance et l’évolution de la revue de M’Quidèch. « Le premier numéro de la première revue de bande dessinée M’Quidèch est sorti en février 1969, signé par Ahmed Haroun qui, il faut le préciser, n’était pas le créateur du personnage M’Quidèch.Je précise que le premier numéro de la revue diffère des autres par son grand format. Il était aussi le seul numéro imprimé en Algérie ».

Le conférencier a rendu aussi un hommage à toute l’équipe de la revue M’Qidèch composée d’une vingtaine de personnes, dont les deux scénaristes LaminMerbah et BoukhalfaAmazit. « M’Quidèch n’était pas qu’une BD. Il était une revue pédagogique, d’information, didactique, une revue qui s’intéressait à l’histoire et au patrimoine, à la philatélie, etc. La première apparition du personnage de M’Quidèch sous forme de dessin, a été le quotidien Liberté qui était l’organe de presse du Parti communiste algérien durant la fin des années 1940, dans une rubrique dénommée « le coin des enfants», précise-t-il.

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Le Hic


Article 1

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Selon des sources concordantes, l’information donnée par nos soins relative a l’arrestation de l’ancienne ministre de la culture Khalida Toumi est dénuée de tout fondement. Contactée par téléphone après plusieurs tentatives infructueuses, madame Khalida Toumi nous a déclaré qu’elle était chez elle au chevet de sa mère souffrante et qu’auquel cas, elle n’a jamais été inquiété ni arrêtée par un quelconque service de sécurité. Khalida Toumi : « Je n’ai jamais été interpellée… ».

Dont acte avec nos excuses !

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Édition du 30/10/2 019

Troisième jour de débrayage des magistrats : La justice dans l’impasse

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Le bras de fer entre les magistrats et la chancellerie s’enlise. Après trois jours de paralysie totale des cours et tribunaux à travers le pays, rien ne se profile à l’horizon pour mettre un terme à cette situation aussi grave qu’inédite. Hier, les magistrats ont observé des rassemblements au niveau de nombreuses cours du pays.

A Alger, ils étaient près d’une centaine à s’être regroupés, vêtus de leurs robes noires, tenant des pancartes avec de nombreux slogans : «Je suis un juge, je ne suis pas un corrompu», «Pour le respect de la dignité du magistrat», «Oui à l’indépendance du juge», «Justice libre et indépendante», «Tous pour la séparation des pouvoirs», «Magistrats en colère, vers l’indépendance, nous marchons». Ici la colère contre le ministre de la Justice est perceptible. «Nous ne sommes pas contre le mouvement, mais plutôt contre le contexte dans lequel il est programmé et les arguments avancés par le ministre pour le justifier.

Le mouvement n’a été ni juste ni équitable. C’est scandaleux de dire qu’il a été opéré dans le cadre de la lutte contre la corruption. C’est une sanction générale. Il n’a pas le droit de jeter l’opprobre sur tous les magistrats. Les corrompus doivent être poursuivis et non pas mutés», lance un président de chambre dans un des tribunaux à Alger, avant qu’un juge de siège ne lui emboîte le pas : «Je ne comprends pas pourquoi avoir consacré le principe d’inamovibilité du juge pour une durée de dix ans.

Personne n’a le droit de le bouger de son poste, sauf s’il le demande ou s’il est promu à un poste spécifique. Or, le ministre a violé ce critère. Pourquoi ? Nous considère-t-il tous comme des corrompus ? Quel regard portera le citoyen sur tous ces juges mutés dans le cadre de la lutte contre la corruption, comme l’a déclaré le ministre devant les caméras de télévision ? Il nous a jetés en pâture.» D’autres magistrats nous rejoignent. La soif de parler est si forte.

«Nous n’acceptons pas d’attenter aux libertés fondamentales»

«Nous ne sommes pas contre le mouvement, mais qu’il se fasse durant les vacances judiciaires pour permettre aux magistrats de déménager et de s’installer dans de bonnes conditions. Qu’il se fasse aussi en prenant en compte les considérations humaines. Les magistrats sont avant tout des citoyens qui ont une famille. Ils ont fait des sacrifices énormes. Beaucoup ont été assassinés durant la période du terrorisme, d’autres tués ou agressés pour avoir traité des affaires pénales.

Nous travaillons dans des conditions très difficiles. Le manque d’effectif et de greffiers nous impose un rythme de travail insupportable et, aujourd’hui, on nous accuse d’être des corrompus ! Les corrompus sont connus de tous. Ils sont encore dans les rouages de la justice. Non M. le ministre, les 3000 juges que vous avez massacrés avec votre mouvement sont, dans leur majorité, des magistrats dignes de ce nom», s’insurge, de manière poignante, une jeune juge du tribunal de Bir Mourad Raïs.

Il est 10h30, le hall de la cour d’Alger est déjà plein. Les témoignages des uns et des autres se rejoignent pour décrier la conjoncture (période scolaire) dans laquelle le mouvement dans les rangs de la magistrature a été décidé, mais aussi «ses injustices et ses iniquités» en matière de mutations. Vers 11h, le délégué d’Alger, Amine Mokrane, assisté par le président du SNM, Mabrouk Issaad, entame la lecture d’une déclaration dans laquelle est expliqué ce mouvement de protestation qui est dû «à la situation de désespoir des magistrats et la détérioration de l’état de la justice» et que ce débrayage «n’est ni précipité ni improvisé».

Ces arguments, souligne-t-il, «sont réalistes et légitimes, notamment l’indépendance de la justice, qui doit être consacrée dans la pratique sur le terrain, loin des slogans vides. Nous ne pouvons accepter de recourir à un quelconque contexte pour porter atteinte aux libertés fondamentales des citoyens ou de menacer les fondements de la société sans raisons ni justificatifs en conformité avec la loi». Pour le délégué du SNM pour la cour d’Alger, «la dignité du juge est une garantie essentielle que la société doit lui assurer dans toutes les circonstances afin de faire barrage à toute déviation.

L’administration des affaires publiques exige de la compétence, la bonne évaluation et une priorité à l’intérêt général et non pas aux ambitions personnelles, au mépris et à la précipitation qui peuvent menacer la stabilité de la société». Mieux encore, Mokrani déclare que «les juges algériens sont les enfants du peuple qui jugent en son nom et sont le pilier de l’Etat national qui s’érige sur la souveraineté de la loi et la consécration des libertés».

De ce fait, et «pour ces raison», les magistrats annoncent qu’ils poursuivront leur mouvement «quelles que soient les conséquences ou les sanctions et l’histoire retiendra les positions de chacun…». Et d’appeler les chefs des juridictions «d’éviter de suivre les instructions non étudiées, reflétant un cynisme destructeur, en se contentant d’être aux côtés de la majorité des magistrats qui seront de tout temps à leur côté, étant donné que les postes ne sont jamais éternels», précise le délégué syndical sous de fortes acclamations des magistrats qui scandent d’une seule voix : «Algérie libre et démocratique !» «Justice libre et démocratique !» puis «Je suis magistrat, je ne suis pas un corrompu !»

Jusqu’en fin de journée, rien n’a filtré sur une probable sortie de crise et un retour aujourd’hui vers les tribunaux et les cours, désertés depuis dimanche dernier. 

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Les étudiants se remobilisent progressivement à Béjaïa

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Quelques milliers de citoyens sont sortis, hier, dans la ville de Béjaïa, pour la manifestation hebdomadaire du mardi, qu’il ne convient plus d’appeler marche des étudiants ou celle de la communauté universitaire.

Si la famille universitaire y est représentée majoritairement, son mouvement continue à être soutenu salutairement par la société civile. Des chômeurs, des salariés, des retraités, des militants associatifs, des jeunes et des beaucoup moins jeunes sont venus en renfort hier. Quelques groupes de fonctionnaires de plusieurs administrations ont manifesté aux côtés des étudiants et employés de l’université, donnant une suite favorable, bien que timide, aux appels de quelques organisations et partis pour rejoindre la manif’ de mardi.

Les étudiants qui continuent à marquer le pas, depuis l’été dernier, après avoir donné des proportions impressionnantes à leurs premières démonstrations de force, donnent des signes d’un réveil. Ils se sont distingués bruyamment dans d’importants carrés, qui ont affreusement manqué les derniers mardis. L’amorce de la remobilisation a été rendue possible après une assemblée générale provoquée par un groupe d’étudiants où l’on a mis le doigt sur les conséquences du fléchissement du mouvement estudiantin dans un moment où la répression fait des dizaines de détenus.

Les premiers marcheurs ont dû passer, avant le coup d’envoi de la manif’, par les blocs d’enseignement au campus de Targa Ouzemmour, d’où a démarré la marche, pour amener leurs camarades démobilisés à se remettre en cause et à les rejoindre dans leur action. Maintenant que la période des examens de rattrapage a expiré et que les cours de la nouvelle année ont repris, les justificatifs de la démobilisation sont épuisés. Aussi, certains départements ont fait l’effort d’exclure la journée de mardi des nouveaux emplois du temps, libérant, du coup, étudiants et enseignants.

Aux pancartes et banderoles qui n’ont pas été nombreuses hier se sont substitués les dizaines de slogans criés et parfois chantés par les manifestants. Parmi les dernières inspirations du mouvement figurent le vocable de «Istiklal» que les foules reprennent comme une revendication toujours non satisfaite, 57 ans après l’indépendance du pays. On réclame «l’indépendance» pour le pays que d’aucuns considèrent toujours non libéré des mains de la «issaba» (du clan). Le mot d’ordre de «l’istiklal» est jumelé avec les appels à marcher ce vendredi 1er novembre, à Alger. 

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Me Mokrane Aït Larbi aux magistrats grévistes : «Il y a une majorité de juges intègres, mais…»

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Dans une lettre adressée aux magistrats qui paralysent l’appareil judiciaire depuis trois jours, en raison d’un mouvement dans leurs rangs qu’ils estiment «injuste et inéquitable», Me Mokrane Aït Larbi ne prend pas de gants pour interpeller les consciences des grévistes sur les principes d’indépendance de la justice, et leur livre «les quatre vérités toutes crues», tout en leur exprimant sa solidarité.

«Pour la première fois dans l’histoire de la justice algérienne, les magistrats décident d’une grève illimitée, suivie à 98%. Cette réponse est une preuve flagrante de la souffrance quotidienne et de la pression exercées par le pouvoir politique à travers le ministère de la Justice. Je vous soutiens, ainsi que vos revendications socioprofessionnelles et celles relatives à l’indépendance du pouvoir judiciaire et je pense que le peuple au nom duquel vous prononcez vos jugements, vous soutiendra si votre but principal est d’instaurer l’équité entre les citoyens sans discrimination et de refuser toute instruction d’où qu’elle vienne.

Vos problèmes socioprofessionnels et l’absence d’indépendance ne viennent pas de la force du pouvoir exécutif, mais plutôt de la faiblesse du pouvoir judiciaire. La justice d’‘‘Allah ghaleb’’, la justice de la nuit, la justice du téléphone sont le fait de certains d’entre vous et pas tous, soit par ambition personnelle, soit par faiblesse.» L’avocat ajoute : «Il y a quelque temps, votre syndicat défendait plus le ministère de la Justice que les magistrats, pour préserver ses intérêts personnels. La chambre d’accusation de Tipasa et le tribunal de Annaba ont décidé d’appliquer la loi plutôt que les instructions et les pressions. La première a libéré un détenu d’opinion et le second a relaxé un autre, arrêté pour port de l’emblème amazigh. Pourquoi certains d’entre vous acceptent d’exécuter les instructions et d’autres refusent ?

Comment expliquez-vous la libération du prisonnier d’opinion Karim Tabbou par un juge et l’emprisonner le jour suivant sur ordre d’un autre juge en raison des mêmes faits, dans les mêmes affaires et qui dépend du même ministère et donc subit les mêmes pressions ? Quelle est la différence entre le juge de Annaba qui a prononcé la relaxe pour le port de l’emblème amazigh et le juge qui a condamné un médecin à 18 mois de prison pour les mêmes faits ? N’est-ce pas une question de personnes, beaucoup plus qu’une question de pression et d’instruction ?

Comment justifiez-vous l’emprisonnement d’un héros de la Guerre de Libération nationale, Lakhdar Bouregaâ, âgé de 88 ans, pour ses paroles ? Comment justifiez-vous la détention de dizaines jeunes en raison du port de l’emblème amazigh en dehors du cadre juridique ? L’ article 1 du code pénal ne prévoit-il pas : ‘‘Aucun crime et aucune punition et aucune mesure de sécurité sans la loi’’ ? Aujourd’hui, au lieu de chercher l’indépendance de la justice de l’Exécutif, qu’est-ce qui vous empêche de proclamer officiellement, au nom de tous les juges, l’indépendance de la justice et de refuser toute instruction et toute pression judiciaire et de ne vous soumettre qu’à la loi et à votre  conscience ?

Pourquoi ne pas demander l’abolition de toutes les lois qui font obstacle à l’indépendance de la justice ?» L’avocat poursuit : «Si vous le faites en étant solidaires et unis, le ministère ne peut rien faire contre les juges de la République ? Vous êtes une autorité judiciaire. Vous n’obéissez qu’à l’autorité de la loi. Vous devez exercer votre autorité conformément au principe de l’indépendance !» L’avocat souligne devant les magistrats que de par son expérience, il sait qu’il y a une majorité de juges honnêtes, «mais il y a aussi des magistrats qui préfèrent exécuter les instructions au détriment de la loi pour des raisons que je ne comprends pas». 

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Plusieurs secteurs sont concernés à Souk Ahras : La justice s’attaque aux exemples saillants de l’impunité

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Toute la symbolique est dans le choix des secteurs les plus affectés par les pratiques préjudiciables, à savoir, entre autres, les instances élues, les secteurs de l’agriculture, des finances, du transport, des télécommunications, les banques…

Les poursuites judiciaires engagées dans le cadre de la lutte contre des personnes et des entités impliquées dans des affaires de détournement de deniers publics à Souk Ahras sont favorablement accueillies par la population locale qui y voit un bond qualitatif vers la lutte contre l’impunité. Toute la symbolique est dans le choix des secteurs les plus affectés par les pratiques préjudiciables, à savoir, entre autres, les instances élues (ceux des deux chambres inclus), les secteurs de l’agriculture, des finances, du transport, des télécommunications, les banques… et cette caste que l’on croyait naguère au-dessus des lois se trouve sérieusement secouée.

Pour l’ex-P/APC du chef-lieu, écroué depuis un mois, les multiples affaires de détournement ne laissent aucune équivoque quant à d’anciennes complicités majeures auprès de quelques relais du côté d’anciens représentants locaux d’un département de souveraineté. «Le jour où il devait être auditionné par les magistrats du tribunal de Sédrata, l’ex-maire de Souk Ahras refusait de répondre aux convocations de la justice (…) ; il agissait de la sorte entre les années 2012 et 2017 et il en sortait ragaillardi parce que les affaires dans lesquelles il était impliqué n’aboutissaient jamais à un procès», a déclaré à El Watan une source au fait de ce dossier.

Des transactions douteuses à la conclusion des marchés non conformes à la législation, en passant par les affaires avérées de détournement de deniers publics, les signes apparents de richesse, les innombrables biens fonciers et immobiliers et les dizaines de milliards de centimes injectés dans l’informel sous les auspices de son frère en disent long sur ce salarié aux ressources limitées. Cet édile communal, issu du bloc FLN, n’hésitait pas à s’arroger tous les droits, dont celui d’organiser des expéditions punitives et de monter des groupes d’agresseurs contre ses rivaux.

Athmane Djelaïlia en est témoin. «J’ai été victime d’une agression de la part de l’ex-P/APC de Souk Ahras pour avoir seulement participé à une précampagne en faveur d’un autre candidat pour la commune. L’affaire a été traitée par voie de justice et c’est sans surprise que mon agresseur s’en est sorti sans peine», a-t-il indiqué. Le secteur de l’éducation est concerné par l’une des plus grandes enquêtes sur la gestion des fonds de l’équipement des structures pédagogiques, les transactions douteuses, les marchés de complaisance, les frais de mission dont les montants dépassent l’entendement et les dépenses fictives.

Des scandales financiers et pas des moindres impliquent la gestion des différents services entre les années 2010 et 2016. Deux anciens directeurs, dont un proche d’un ancien ministre de l’Education nationale et un protégé de Djemaï, député de Tébessa, seraient déjà au centre desdits scandales. «Des centaines de milliards ont été détournés en moins de six ans et l’enquête menée depuis plusieurs mois n’a laissé aucun doute sur la gravité des faits pour lesquels la justice prévoit une application rigoureuse de la loi», a déclaré une source renseignée.

Dans le secteur de l’agriculture et même si les premières enquêtes ont concerné seulement la filière du lait et abouti à l’incarcération du propriétaire d’une laiterie et son gérant, force est de constater que d’autres volets de la gestion aléatoire de ce secteur névralgique est en passe de drainer des dizaines de personnes impliquées notamment dans la dilapidation des terres agricoles, des dons octroyés sur la base de dossiers erronés, la multiplication des coopératives fictives par le biais d’une instance élue aux accointances fort révélatrices, la création de filières imaginaires à des fins purement lucratives, l’organisation moyennant des milliards de centimes des séminaires et autres colloques sans portée pour le secteur ni sur l’essor de la wilaya.

«De quel droit peut-on attribuer des centaines d’hectares au profit d’une personne qui n’a jamais été propriétaire terrien et dont le seul mérite est de faire allusion, parfois à tort et parfois à raison, de sa proximité avec des walis ?» a fulminé un cadre de la Direction des services agricoles (DSA). Les graves irrégularités contenues dans le dossier des recrutements du personnel dans les différents services de la direction des impôts et la traduction du chef de service concerné devant la justice sont déjà au cœur des supputations et des rumeurs colportées ça et là à propos du traitement de ce dossier qui invite à l’ouverture d’autres dans le secteur des finances en général et la direction des impôts en particulier.

De fait, cette dernière s’est constituée partie civile contre le cadre mis en cause. «Les promotions, la désignation aux postes spécifiques, les avancements, les mutations et les différents concours de recrutement sont entachés de graves irrégularités et l’on est sûr que le plus grave est dans d’autres chapitres de la gestion des différentes structures», a déclaré sous le sceau de l’anonymat un cadre de cette même direction. Des enquêtes sont en cours à Algérie-Télécom, à la SDE (Société de distribution du gaz et de l’électricité de l’Est), dans quelques structures sanitaires de la wilaya… et plusieurs autres secteurs, érigés des années durant en de véritables citadelles imprenables où tout se volait et se dévoilait devant tout le monde dans une révoltante impunité.

            

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36e marche des étudiants à Constantine : Une journée de mobilisation pour le 1er novembre

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Les marcheurs ont été empêchés, hier, de tenir leur halte habituelle devant le siège de l’UGTA, rue Chitour Amar.

Il y a des dates dans l’histoire de l’Algérie qui gardent encore leur valeur symbolique pour toutes les générations. A trois jours seulement du rendez-vous fatidique du 1er novembre, qui coïncidera avec le 37e vendredi du mouvement populaire du 22 Février, la symbolique historique de cette date a été, hier, dans tous les esprits et sur toutes les lèvres lors de la 36e marche des étudiants à Constantine.

Sur le traditionnel parcours emprunté, chaque mardi au centre-ville de Constantine, par tous ceux qui continuent à tenir mordicus à leur marche, les slogans étaient pour une présence massive vendredi prochain, pas uniquement à Alger où l’événement est préparé avec enthousiasme, mais aussi dans toutes les villes de l’Algérie. L’ardeur n’a pas baissé d’un cran, bien que les marcheurs ont été empêchés, hier, de tenir leur halte habituelle devant le siège de l’UGTA, rue Chitour Amar. Une halte hautement symbolique choisie délibérément pour dénoncer la mainmise du pouvoir sur ce syndicat complice, avec le maintien des interdictions, des pressions et autres intimidations à l’encontre des syndicats indépendants.

Mais le caractère pacifique de la marche de mardi a été bien défendu même devant le siège de la cour de justice, un autre point de confluence où, chaque semaine, les irréductibles du hirak viennent dénoncer «la justice du téléphone» et réclamer la libération des détenus d’opinion.

La marche avait aussi toute sa charge patriotique à travers les célèbres Min djibalina et Qassaman, devenus les hymnes de la protestation populaire, fredonnés par des manifestants bien conscients de leur mission dans la sensibilisation et la mobilisation des citoyens face à toutes les manœuvres du pouvoir pour tenir par tous les moyens la présidentielle du 12 décembre.

«Si le pouvoir utilise tous les médias qui lui sont acquis et tous les supports publicitaires pour faire la promotion de la présidentielle, nous devons nous aussi déployer tout ce qu’on peut faire pour maintenir la flamme du hirak et surtout sensibiliser les citoyens sur les enjeux de cette manœuvre», a soutenu un étudiant lors du forum qui se tient, place Colonel Amirouche, chaque semaine à la fin de la marche.

Parmi les présents à ce forum, il y a toujours de simples citoyens qui viennent nombreux et spontanément apporter leur soutien à la marche des étudiants qui connaît des phases difficiles avec les tentatives menées par l’administration universitaire, qui a trouvé «l’astuce» en programmant sciemment les séances de TP et de TD pour cette journée, et contraindre les étudiants, mais aussi les enseignants à ne pas descendre au centre-ville.

Mais le message le plus émouvant a été celui de cette humble dame qui a demandé la parole pour la première fois pour revigorer les foules. «Il faut encore lutter et avoir la force de continuer, car il s’agit bien d’une vraie révolution comme celle que nos ancêtres ont lancée en 1954 ; cette révolution finira un jour par vaincre», a-t-elle lancé sous les youyous des femmes.

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36e Mardi du Hirak étudiant : Une mobilisation sans faille

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Alger, 29 octobre. 36e acte du hirak des étudiants. Il est un peu plus de 10h. Un soleil éclatant darde ses rayons sur la place des Martyrs. La place se remplit petit à petit de manifestants matinaux. La police est également présente en force.

La foule s’élargit rapidement. Elle s’agglutine devant l’une des deux bouches du métro de Sahate Echouhada. De prime abord, on constate qu’il y a plus de monde que les derniers mardis. Sans doute l’effet Novembre qui promet pour ce vendredi une mobilisation exceptionnelle.

10h30. Le cortège scande solennellement Qassaman avant de s’ébranler. Ambiance des grands jours. La marée humaine enchaîne par un émouvant «Taya El Djazaïr !» Patriotisme à fleur de peau. Exacerbé justement par la date fatidique et ô combien symbolique du 1er Novembre. La foule répète : «Allah Akbar, rah djay Novambar !» (Dieu est grand, Novembre arrive). Une variante de ce même refrain ajoutait cette formule : «Allah Akbar, echaâb yeteharar !» (Dieu est grand, le peuple se libérera). Il commence à faire chaud. Sur les premières pancartes brandies, ces mots : «Tayhia El Djazair horra moustaquilla» (Vive l’Algérie libre et indépendante) ; «Djazair horra dimocratia» (Algérie libre et démocratique) ; «Libérez les détenus, libérez l’Algérie»…

Dans la procession, il y a toujours un noyau dur d’étudiants irréductibles mais, comme de tradition, énormément de citoyens de différents horizons. Peut-être même un peu plus hier. Parmi eux, nombre de retraités. Beaucoup de femmes. Certaines sont venues avec leurs enfants, comme cette dame dont le fils, haut comme trois pommes, drapé d’une bannière Jaune et Noir rappelant la tunique de l’USMH, arbore fièrement cet écriteau : «Dégage Gaïd Salah ! Toi, aussi bien que Bensalah. Pas de vote cette année. Etat civil, pas militaire !» A l’approche de Bab Azzoune, ce nouveau slogan féroce fuse de la bouche des contestataires : «Fiqou ya echiyatine, Gaïd Salah tehha el Poutine !» (Réveillez-vous lèche-bottes, Gaïd Salah s’est incliné devant Poutine).

«Ellaâb H’mida we recham H’mida»

Sur une pancarte, le nom du chef de l’Etat par intérim est décliné en «Abd El Cadre» Bensalah. Allusion à l’allégeance que l’ancien président du Sénat exprimait de façon démonstrative au Président déchu, même lorsqu’il était réduit à l’état de «cadre» photographique trimballé de cérémonie en cérémonie. L’auteur de cette pique écrivait donc : «Abd El Cadre Bensalah ne représente pas les hommes libres. Rendez-vous le 1er novembre !» Bachir, venu comme tous les mardis et vendredis de Ath Mansour (wilaya de Bouira), a concocté ce message qui ne manque pas, lui non plus, de mordant : «Les prétendus hostiles à la main de l’étranger quémandent le secours de Poutine de l’étranger».

Ce 36e mardi, on pouvait entendre aussi ce leitmotiv devenu l’un des chants les plus prisés du répertoire militant du hirak : «Dégage Gaïd Salah, had el âme makache el vote !» (Pas de vote cette année). Les manifestants répétaient encore, sur un air de Mawtini : «Baouha el khawana, bahouha !» (Ils ont vendu la patrie). Autre hymne qui sortait des tripes, celui où les marcheurs adressent cette complainte rageuse à Ali La Pointe: «Ya Ali Ammar, bladi fi danger.

Nkemlou fiha la Bataille d’Alger. Makache marche arrière, eddoula fourrière. El yed fel yed neddou l’istiqlal» (Ali Ammar mon pays est en danger. Nous allons continuer la Bataille d’Alger. Pas de marche arrière, le gouvernement est à la peine. Main dans la main on arrachera l’indépendance). Sur les pancartes brandies, les messages sont clairs : «Bye-Bye système, pas de vote cette année !» écrit un citoyen. Une dame a ces mots acerbes : «Vous avez pillé le pays. Les élections ? Ellaâb h’mida we recham h’mida. Faqou ! Dégage !» Dans le lot, on pouvait lire également, pêle-mêle : «Ni dialogue ni élections avec toutes ces pressions» ; «Un pouvoir illégitime ne peut produire que des actes illégitimes» ; «Rien n’arrête les Algériens ! Nul n’a le droit de décider à la place du peuple. Silmiya, toujours silmiya !»

La libération des détenus est, comme toujours, au cœur des revendications exprimées : «Urgent ! Libération de tous les détenus d’opinion», proclame un citoyen à travers sa pancarte. Des portraits à l’effigie Yasmine Dahmani, véritable icône des manifs du mardi, sont hissés en exigeant la libération immédiate de l’étudiante. Oussama, manifestant originaire de Khenchela, a imprimé les portraits de plusieurs détenus pour leur signifier son soutien : Lakhdar Bouregaâ, Hakim Addad, Djalal Mokrani, Messaoud Leftissi, Fodil Boumala, Ahcène Kadi…

«Presse libre, justice indépendante»

A l’orée du square Port-Saïd où un dispositif policier sur les dents attend la vague humaine, la foule crie : «Sahafa horra, adala moustaquilla !» (Presse libre, justice indépendante). Lu sur une pancarte : «Le peuple veut une justice indépendante et son activation». Nesrine, une jeune manifestante toujours très inspirée, s’est fendue d’un message où elle accable les magistrats en leur signifiant : «L’Histoire ne pardonnera pas aux juges qui ont ordonné l’incarcération de militants pour leurs opinions».

A hauteur du TNA, un homme fulmine : «Le prochain Président ne sera pas désigné par eux. On enlèvera toute cette racaille !» La foule scande de plus belle : «Makache intikhabate ya el issabate  (pas d’élections avec les gangs). L’accès à la rue Abane et au tribunal de Sidi M’hamed, où devait être rendu le verdict concernant six détenus d’opinion, est bloqué par des camions de police. La procession entonne : «Harrirou el mouataqaline !» (Libérez les détenus) ; «Attalgou ouledna, oueddou ouled el Gaïd !» (Relâchez nos enfants et prenez ceux de Gaïd Salah).

En pénétrant la rue Larbi Ben M’hidi, la foule prend à nouveau Bensalah à partie : «Ya Bensalah ya djabane, had echaâb la youhane !» (Bensalah, tu es un lâche, ce peuple ne se fait pas humilier). La marée humaine répète dans la foulée : «Hé Ho, leblad bladna, w’endirou raina makache el vote» (Ce pays est le nôtre, on fera ce qui nous plaît, pas de vote). Sous la statue équestre de l’Emir, on entend : «Les généraux à la poubelle, wel Djazair teddi l’istiqlal !» (et l’Algérie accédera à l’indépendance)  ; «Eddouna gaâ lel habss, echaâb marahouche habess !» (Jetez-nous tous en prison, le peuple ne s’arrêtera pas), «Attalgou el massadjine, ma baouche el cocaine !» (Relâchez les détenus, ce ne sont pas des vendeurs de cocaïne).

«Ramenez Poutine, ramenez les Américains, on ne s’arrêtera pas !»

A un moment donné, au milieu de la rue Larbi Ben M’hidi, un nouveau slogan plein de détermination en remettait une couche au sujet de la malheureuse escapade de Bensalah à Sotchi : «Djibou Poutine, Djibou el Marikane, maranache habssine !» (Ramenez Poutine, ramenez les Américains, on ne s’arrêtera pas).

Dans le même registre de la défiance, la foule assène : «Dirouna les menottes, makache el vote !» (Mettez-nous les menottes, pas de vote). Ali La Pointe est de nouveau invoqué avec cette variante : «Ya Ali Ammar, bladi fi danger, Awal Novambar la Bataille d’Alger» (Ali Ammar, mon pays est en danger, 1er Novembre, la Bataille d’Alger). Le cortège traverse l’avenue Pasteur aux cris de «Echaâb yourid el istiqlal !» (Le peuple veut l’indépendance). Des youyous stridents accompagnent les clameurs.

Des femmes lancent des bouteilles d’eau des balcons. Le cortège tourne par la Fac centrale et s’engage sur la rue Sergent Addoun. Nous croisons Soufiane Djilali entouré de militants de Jil Jadid. Ils sont venus soutenir les étudiants.

Le cortège enchaîne par le boulevard Amirouche. En passant devant le ministère de l’Agriculture, les étudiants et leurs renforts lancent : «Win rahi el filaha, win rahi ?» (Où est l’agriculture). Puis, se tournant vers le bâtiment d’en face à l’enseigne d’une banque publique, la foule s’écrie : «Klitou lebled ya esseraquine  La folle procession avance vers la rue Mustapha Ferroukhi avant d’entrer triomphalement à la place Audin, quadrillée par la police.

Là, un autre cortège arrive en sens inverse.

Ce sont des proches des détenus et des citoyens venus exprimer leur soutien aux prisonniers d’opinion pendant l’audience qui devait avoir lieu au tribunal de Sidi M’hamed.

Mais aucun verdict ne sera rendu, la grève des magistrats en ayant décidé autrement. Les deux cortèges fusionnent et poursuivent la manif’ jusqu’à la rue Abdelkrim Khettabi. 13h10. Deux jeunes leaders du hirak étudiant hissés sur les épaules de leurs camarades invitent la foule à scander Qassaman avant de clore cette 36e joute du mouvement des campus. Une belle répétition avant le vendredi 1er novembre…

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Zahra Tabbou. Epouse de Karim Tabbou : «Karim est un patriote qui ne vit que pour son pays»

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Zahra Tabbou. Epouse de Karim Tabbou : «Karim est un patriote qui ne vit que pour son pays»

Elle est passée de l’ombre à la lumière. Sa vie a basculé brusquement, ce mercredi 11 septembre à 12h30, quand des policiers en civil se sont présentés à son domicile avec l’ordre d’arrêter son mari, le leader Karim Tabbou. Depuis, les Algériens découvrent le visage de cette femme discrète qui, dans l’ombre, faisait office de conseillère au jeune loup politique dont l’aura ne cesse de prendre de l’ampleur. Elle aussi découvre, malgré elle, le combat politique… Elle nous livre ici ces moments de basculement, comment, elle et ses enfants, Raouf (6 ans) et Nadine (4 ans), vivent l’emprisonnement de l’homme politique qui malmène le pouvoir avec ses discours et ses positions qui est le mari et leur papa.

– Comment vivez-vous l’emprisonnement de votre mari ?

Durement, mais grâce à Dieu et au soutien populaire, je tiens bon. L’absence de Karim a fortement secoué nos enfants. Ils ne comprennent pas ce qui se passe et ne cessent de s’interroger sur ce qui est arrivé à leur père. Ils ne comprennent pas pourquoi il ne rentre pas le soir à la maison. Il leur manque terriblement. Il représente tout pour eux. Ils dorment avec lui, ils se réveillent avec lui. Psychologiquement, c’est un coup extrêmement dur pour des gamins.

Mais les marques de solidarité que nous expriment les Algériens me donnent du courage. Partout, mes concitoyens se mobilisent pour nous. Au quotidien, les Algériens viennent vers nous, expriment leur sympathie et se préoccupent de notre situation. Il faut dire que cette situation particulière m’impose de nouvelles obligations. Depuis l’emprisonnement de mon mari, je suis dans les manifestations aux côtés de mes compatriotes, en contact avec les avocats et les militants politiques.

– Etiez-vous préparée à cette épreuve ?

Je savais que la vie d’un militant politique engagé dans l’opposition est en permanence sujette à de telles épreuves. J’étais consciente des risques que cela peut engendrer. Depuis son jeune âge, Karim a fait le choix de défendre les droits et les libertés des Algériens. Il s’est mis au service de son pays, du combat démocratique. Il s’y emploie avec honneur et conviction.

C’est un homme humble, sincère et fortement engagé. Sa force réside dans son honnêteté politique et intellectuelle, ce qui lui donne cette liberté dans son expression et l’autonomie dans sa réflexion. Les Algériens ont plongé l’Algérie dans une joyeuse révolution, mais les décideurs font tout pour gâcher cette belle épopée. Quand la répression commence à s’installer, on se pose des questions. Mon mari va-t-il se faire arrêter ? Viendra-t-il son tour ? Hélas ! ça n’a pas raté. Karim est en prison pour avoir refusé de mordre à l’hameçon.

– C’est-à-dire qu’a-t-il refusé ?

Depuis la mise en place du sinistre «panel du dialogue», certains de ses membres le harcelaient pour l’inclure dans leur démarche. Plusieurs délégations étaient venues à la maison pour le convaincre et tenter de l’enrôler. Karim n’est pas homme à se laisser amadouer. A chaque fois, il me disait que le serment fait au peuple algérien et l’engagement aux côtés de ses concitoyens ne sont d’aucune commune mesure avec leurs promesses et tentatives de corruption. Vous comprenez bien que son arrestation est politique et que les accusations fomentées contre lui ne sont que des prétextes.

– Racontez-nous son arrestation qui avait l’allure d’une interpellation hollywoodienne…

Je n’oublierai jamais ce moment où tout a basculé. Il était midi et demi quand il s’apprêtait à ramener notre fille Nadine (4 ans) de la crèche. On ne sait d’où un groupe d’hommes en civil – huit – ont surgi et se sont s’approchés de lui, lui demandant de les suivre dans leur véhicule. Il a eu la présence d’esprit de me mettre en ligne sur son téléphone portable pour que je puisse écouter la conversation. Il a exigé d’eux de le laisser de remonter à la maison pour qu’il mette son costume et a profité de ce moment pour me remettre un feuillet sur lequel il a noté les numéros de téléphone de son frère et celui de maître Bouchachi.

Les policiers étaient postés devant notre appartement et devant l’entrée de l’immeuble. J’ai attendu jusqu’à 17h avant d’informer l’avocat Mostapha Bouchachi. Ensuite ce fut une longue et angoissante attente, une éternité. Le temps était figé. A ce moment-là, je n’ai même pas eu le temps d’avoir peur. Je n’ai jamais vu mon mari aussi calme, serein et digne. Il était fort. Je le voyais partir sans savoir ce qui allait advenir. J’ai été saisie d’une colère sourde.

– Après quelques jours de détention, il a été remis en liberté qui a duré à peine 14 heures, car suivie d’une seconde arrestation. La joie a été de courte durée. Comment avez-vous vécu ce cauchemar ?

Je ne suis pas spécialiste en droit, mais je pense que c’est un cas unique dans les annales judiciaires de notre pays. Sa remise en liberté nous a libérés. C’était une joie indescriptible. Nos enfants ont pu enfin toucher leur papa et lui a pu les prendre dans ses bras. Il faut dire qu’entre lui et les enfants, il y a un lien fusionnel très fort. Tout le monde était soulagé. On croyait que le cauchemar était fini et qu’on pouvait enfin dormir tranquillement. Mais, le réveil nous a vite replongés dans l’angoisse. Quand des policiers en civil ont débarqué à 8h30, Karim était encore endormi – il s’était couché tard – il s’est levé rapidement.

La scène fut rapide et surprenante. Mon mari s’est entretenu avec eux durant deux minutes, il s’habille et part avec eux. Il a eu juste le temps de me dire que se sont des agents de l’unité «Antar». Nous sommes restés trois jours sans nouvelles de lui. J’ai appris plus tard, par ses avocats, qu’il avait subi un mauvais traitement. Il a été sérieusement bousculé. Il n’a pas été autorisé à prendre contact avec sa famille et son avocat, puis il n’a pas eu droit à une consultation comme c’est d’usage. Il disparaît une seconde fois devant mes yeux sans pouvoir faire quoi que ce soit. J’ai été comme enchaînée. Mais pas question pour moi de lâcher. J’ai juré de reprendre les choses en main et me battre.

– Il est accusé d’avoir œuvré à saper le moral de l’armée, puis d’incitation à la violence contre celle-ci…

Karim est un patriote qui aime son pays, il ne vit que pour son pays. Il est souvent enragé de voir l’Algérie bafouée par ses dirigeants, il est ulcéré de voir les Algériens subir des injustices de toutes sortes. Il ne supporte pas l’arbitraire. Mon mari n’est pas un homme à nuire à l’armée de son pays. Ça ne lui viendrait même pas à l’esprit. Les accusations portées contre lui ne sont qu’un prétexte pour l’enfermer. Il subit un acharnement.

Le pouvoir cherche à faire taire une voix qui dérange, une voix qui porte, respectée et crédible. La décision était prise en amont, il ne restait à la justice qu’à trouver l’habillage nécessaire. Il est fort probable que la décision de la chambre d’accusation près la cour de Tipasa de le placer sous contrôle judiciaire n’arrangeait pas les plans des décideurs. Ces derniers ne s’embarrassent pas manifestement des procédures. Ils ont transformé la justice en un instrument de répression contre les militants et contre le hirak. Une justice punitive qui emprisonne des étudiants, des jeunes filles, des personnes âgées, des jeunes braves qui portent l’Algérie dans leur cœur.

– Comment vivez-vous les campagnes d’attaques et de calomnies dont il a fait objet avant et après son emprisonnement ?

Les Algériens savent faire la part des choses, ils séparent le bon grain de l’ivraie. Malgré les campagnes calomnieuses qu’ils ont lancées notamment sur les réseaux sociaux et des pages gérées par des mercenaires, les Algériens connaissent et reconnaissent la valeur de Karim, ils lui vouent plus que du respect. Ils sont restés solidaires et unis, malgré les tentatives de division orchestrées par le pouvoir. Karim tient à la lutte pacifique et à la non-violence. Mon mari est d’une rectitude morale irréprochable. Il est allé en prison en homme digne. Pour ses opinions, il est prêt à tous les sacrifices. Je suis particulièrement fière de lui.

– Les Algériens se sont mobilisés pour vous, ils ont adopté Karim Tabbou et vous aussi depuis que vous vous joignez aux marches du vendredi. Votre vie a basculé…

Quand j’ai épousé Karim, je savais que j’allais vivre avec un homme qui ne s’appartient pas. J’étais consciente de ce que représentait son engagement politique. Parfois, je l’accompagnais dans ses activités et ses déplacements à Khenchela, Tébessa, Béjaïa… J’ai partagé avec lui des moments forts. Grâce à Karim, j’ai eu l’immense honneur et le privilège de rencontrer le leader charismatique Hocine Aït Ahmed, que Dieu ait son âme. Je voyais comment la militance était sa première compagne.

Je l’ai toujours soutenu et maintenant plus que jamais. Je suis une sorte de conseillère de l’ombre. Je suis une femme discrète, un peu en retrait du combat de mon mari. Mais, en effet, depuis son emprisonnement, je me retrouve au-devant de la scène, portée par l’élan de solidarité citoyenne. Ma vie a complètement changé depuis. Je suis tout le temps sollicitée, les gens me témoignent une incroyable solidarité. Je suis fière de mon peuple, il est fabuleux. Fière de cette jeunesse qui défie la tyrannie et la bêtise. En voyant tous ces jeunes partout dans le pays arborer fièrement le portrait de mon mari, ils me donnent du courage, ils me comblent de bonheur, malgré la douleur due à son absence.

– Publiquement, Karim Tabbou apparaît comme un homme dur, sans état d’âme. Il est comment dans sa vie privée ?

Karim est un homme de conviction, dur parce qu’intransigeant sur les principes et les valeurs. Il n’est pas sans état d’âme, il est âme sensible. Engagé, parfois rebelle, mais il est particulièrement humain pas seulement dans sa vie privée. Il est entier. Il est blessé par les souffrances des petites gens. Karim n’est pas un politique coupé des réalités, il est le pur produit d’une réalité algérienne qu’il a en partage avec l’écrasante majorité. Il est l’enfant de cette Algérie qui souffre.

– Vous dites quoi justement à ces Algériennes et Algériens ?

Résistons, restons unis dans notre combat pacifique pour réussir notre révolution. Nous sommes sur la bonne voie, nos revendications sont justes et légitimes. J’en profite pour lancer un appel, surtout aux femmes, je leur demande de s’investir davantage dans ce mouvement, c’est l’avenir de nos enfants qui se joue dans ce moment historique. Certes, il faut se mobiliser pour la libération de tous les détenus politiques et d’opinion, mais l’objectif central reste la démocratie et l’instauration d’un Etat de droit. Il faut mettre fin à ce système corrompu.

– Nous sommes à la veille d’un 1er Novembre historique, Karim Tabbou aurait aimé vivre cette journée en liberté avec ses concitoyens…

Et comment ! Lui qui a un attachement viscéral à cette histoire glorieuse. A la maison, il passe son temps à apprendre à nos enfants les valeurs du patriotisme. Ils s’amusent en chantant les hymnes patriotiques. Depuis le début de notre hirak révolutionnaire, les Algériens ont décidé irréversiblement de se réapproprier leur histoire longtemps confisquée. Cette date revêt un caractère particulier. Il s’agit pour nous, 65 ans après le déclenchement de la Guerre de libération nationale, de concrétiser les promesses de Novembre.

La libération du citoyen algérien. Je dis aux Algériens de nous retrouver toutes et tous lors de ce vendredi historique. A cette occasion, je salue la mémoire des martyrs, je rends hommage aux Algériens, je pense profondément aux femmes, aux enfants et aux familles de tous les détenus politiques et d’opinion. Nous vaincrons.

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Les juges en grève : Verdicts différés pour les détenus d’opinion

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Le procès de six détenus d’opinion emprisonnés pour port du drapeau amazigh s’est tenu le 22 octobre, au tribunal de Sidi M’hamed. Le procureur de la République avait requis deux ans de prison ferme et 100 000 DA d’amende.

Le verdict dans le procès des six détenus d’opinion, incarcérés à la maison d’arrêt d’El Harrach, n’a pas été rendu hier, pour cause de grève des juges. Les six détenus (Messaoud Leftissi, Tahar Safi, Bilal Bacha, Khaled Oudihat, Meharzi, Djaber Aïbèche Hamza) sont retournés à la prison sans connaître la décision de la justice. Pourtant, l’espoir avait germé le matin chez les familles et leurs soutiens en voyant le convoi de la police entrer au tribunal de Sidi M’hamed.

«Les familles et les avocats avaient espoir, lorsque les détenus ont été emmenés au tribunal. Ils pensaient que le juge allait se présenter et prononcer son verdict. L’attente a duré une bonne partie de la journée. Mais à la fin, tout le monde est parti déçu», s’offusque Me Yamina Alili, membre du collectif de défense.

Le procès de six détenus d’opinion, emprisonnés pour port du drapeau amazigh, s’est tenu le 22 octobre au tribunal de Sidi M’hamed. Le procureur de la République avait requis deux ans de prison ferme et 100 000 DA d’amende. Le prononcé du verdict était prévu pour hier. Les détenus ont été arrêtés lors de la marche du vendredi 21 juin, juste après le discours du vice-ministre de la Défense et chef d’état-major sur le port du drapeau amazigh.

Présentés le 23 juin devant le juge d’instruction de la chambre 11 du tribunal de Sidi M’hamed, ils ont été placés sous mandat de dépôt pour «atteinte à l’unité nationale» (art. 79 du code pénal). Dans ses premières déclarations, le Syndicat national des magistrats (SNM) avait affirmé que les verdicts seront rendus. Issaad Mabrouk, président du SNM, avait été clair : «Les juges rendront les verdicts dans toutes les affaires jugées, malgré la grève.»

Les avocats enragent de ne pas pouvoir disposer d’informations sur les détenus dont ils espéraient la libération après le procès. «Les juges étaient absents de leurs bureaux. Ils avaient organisé le matin un rassemblement devant la cour d’Alger. A l’exception des greffiers et des agents chargés de l’opération de remise de certains documents, comme le certificat de nationalité et le casier judiciaire, relancée aujourd’hui, les juges étaient absents.

Il y avait uniquement les procureurs de la République pour la présentation des personnes. Les juges d’instruction étaient absents. Et puis même si tu les approches, ils ne veulent pas parler. Les juges se cachent derrière l’obligation de réserve», signale Me Alili.

Arrestation d’un ancien membre  de l’ex-FIS

Aujourd’hui, d’autres détenus d’opinion devraient être présentés devant le tribunal de Bab El Oued pour l’énoncé des verdicts dans la même affaire (port du drapeau national et atteinte à l’unité nationale). «Nous craignons que cela finisse par un report comme c’est le cas aujourd’hui. Il n’y a rien dans la loi qui oblige le juge à prononcer dans un délai déterminé le verdict. Nous attendons ce soir pour voir quelle réaction auront les juges», signale l’avocate.

Les familles des détenus, des représentants de partis politiques et d’associations ainsi que de simples citoyens sont venus en nombre pour le sit-in auquel a appelé Arezki Challal, père du détenu et porte-parole du Collectif de défense des familles des détenus d’opinion. Après s’être regroupés dans la salle d’audience, ils grossiront la marche des étudiants.

Par ailleurs, signalons l’arrestation d’Ahmed Ben Mohamed, membre de la direction de l’ex-FIS. L’annonce a été faite par l’avocat Abdelghani Badi sur sa page Facebook. «Il a été arrêté chez lui par la gendarmerie de Rouiba. C’est la seule information que j’ai pu avoir de son fils avec qui je suis en contact.

Cette arrestation, prévisible, a sûrement un lien avec ses déclarations lors des marches du vendredi. Le chef d’inculpation est évident : ‘‘atteinte au moral de l’armée’’. C’est le même chef d’inculpation pour Bouregaâ, qui devait être remis en liberté, si la loi était appliquée par les juges», croit savoir l’avocat. La garde à vue du leader de l’ex-FIS devrait être prolongée en raison de la grève des juges, selon l’avocat. 

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Le hic

Édition du 31/10/2019

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